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jeudi, mai 03, 2012

Bad Religion : Critique du coffret (4e partie).

Une année seulement après la sortie de «Suffer», Bad Religion revient à la charge avec «No Control». C’est aussi durant cette année que le punk rock commence à placer l’échiquier de son explosion commercial.

En effet, en 1989, Bret Gurewitz venait tout juste de signer une jeune formation du nom de NOFX et s’apprêtait à sortir leur premier LP - «S&M Airlines» - sur Epitaph. D’un autre côté, des groupes comme «Pennywise», «Green Day» et «The Offspring» profitaient du renouveau punk et travaillaient à se construire une notoriété dans le milieu musical underground.

« No Control »

Mais, ceci étant dit, «No Control», quatrième album de Bad Religion, est au tempo de nos mégalopoles et de la vie moderne. Son rythme est effréné, déconcertant et la thématique annoncée par le titre est présente tout au long des 15 titres qui le compose. Tout s’enchaîne à une vitesse fulgurante et on a parfois de la difficulté à suivre la cadence. Il est vraiment hors de contrôle.

Cependant, comme tous les autres albums de Bad Religion, il est aussi très dépressif. Il est bourré d’images fortes et de métaphores puissantes. Cependant,  la vrai force de «No Control» réside dans le fait qu’on le ressent constamment en dérapage et en perte de contrôle, autant dans la musique que dans les textes («Sometimes I feel like»).

Il est cependant moins propre que «Suffer». Il est plus «straight forward» et, sans pour autant nuire à la qualité sonore, les membres ont choisi une ambiance plus grinchante et moins léchée. Toutefois, il reste que «No Control» est le plus mélodique des trois albums qui composent la «Holy trilogy» et il offre de superbes harmonies vocales que les deux autres négligent peut-être un peu plus.

«No Control» est un album aux textes très introvertis qui traitent du combat interne que l’on doit se livrer chaque jour pour rester sain d’esprit devant la démence de nos sociétés («Sanity», «Anxiety»). C’est aussi un album plus personnel et certaines chansons sont des références directes aux problèmes de consommations grandissants de Brett Gurewitz («Billy») mais nous avons aussi droit à des cris du cœur de la part de nos punkeurs («I want to conquer the world», «Progress», «I want something more»).

Au final, «No Control» est un pilier dans son genre et se situe exactement là où il doit se situer dans l’évolution du groupe. Il est la suite logique de «Suffer» et contient certains des plus grands classiques de Bad Religion – «Changes of ideas», «You» et «No Control», la pièce titre de l’album.

« Against the Grain »


«Against the Grain», cinquième album de la formation et dernier auquel participera le batteur Pete Finestone (il supportera Bad Religion durant le reste de l’année mais quittera définitivement en 1991 pour s’occuper de sa famille et participer à des projets musicaux nébuleux), est définitivement le plus accompli musicalement de toute la «Holy trilogy». Il débute d’ailleurs sur une excellente guitare d’une des pièces les plus importantes de tout leur répertoire, soit «Modern Man».

Bien que «Against the Grain» se veut contre les mœurs établis, Bad Religion ne change pas pour autant la formule d’un seul iota. Ce disque est toujours une suite de courtes chansons rapides et articulées autour d’harmonies vocales intelligentes et de solos de guitare minimalistes mais on voit aussi l’apparition de pièces à tendances plus pop, entre autres avec «Faith Alone» et «21st century digital boy» qui deviendra probablement le plus grand succès commercial de la formation lorsqu’ils vont réenregistrer la chanson quatre ans plus tard sur « Stranger than Fiction ». On voit aussi l’apparition de morceaux qui ont une recherche musicale plus élaborée si on compare à ce que Bad Religion nous a habitué avec les albums précédents («Anasthesia», «Against the Grain»). On sent que le groupe a vieilli depuis «Suffer» mais, à l'opposé, les membres du groupe sont devenus des musiciens aguerris et respectés.

Comme je le disais, avec «Against the Grain», on va contre le courant. On cherche à redéfinir les conventions. On nous invite à sortir la tête de l’eau et voir au-delà des dogmes et du protocole. Selon eux, il faut regarder ailleurs et ne pas avoir peur de questionner l’autorité sans pour autant la renverser avec une intention nihiliste, mais plutôt pour trouver de meilleures solutions et des angles d’approches plus innovateures aux problèmes.

Cependant, cet opus est extrêmement arrogant et la formation se permet même de critiquer certains concepts si chers aux révolutionnaires : «Don’t speak to me of anarchy, or peace or calm revolt, man, we’re in a play of slow decay orchestrated by Boltzmann, it’s entropy» s’époumone Grag Graffin sur «Entropy». Mais attention; le but ici n’est pas de dénigrer quoi que ce soit, mais plutôt de nous faire comprendre que nous ne sommes peut-être pas la finalité de l’univers et, qu'on le veuille ou non, la nature continuera son évolution avec ou sans nous.

Ainsi, déjà en 1991, «Against the Grain» décrit l’urgence d’agir et nous encourage à changer la façon dont nous interagissons avec notre environnement. Il nous incite à ouvrir les yeux face à la fragilité de notre planète bleue («Modern man», «Unacceptable»). On peut d’ailleurs voir sur la pochette de l’album un épi de maïs pousser à sens contraire, seul, dans un champ d’épis de missiles!  On fait aussi référence à des causes plus politiques comme l’exportation du travail vers les pays du tiers monde et la globalisation du capitalisme («Quality or quantity»). 

Je suis probablement un des rares à affirmer que «Against the Grain» est celui que j’apprécie le moins parmis les trois. J’ignore pourquoi, mais certaines pièces ne me reviennent tout simplement pas, même que, lorsque je l’écoute en MP3 ou en CD, je saute toujours quelques pistes.

Ceci concluant, tout comme « Suffer » et « No Control », « Against the Grain » contient des titres qui sont joués encore et encore, soir après soir par Bad Religion et il n’en reste pas moins qu’il est un de plus respectés (je dirais plus vénérés!) par leur légion de fans.

En somme, la « Holy trilogy » ne brosse pas un tableau très reluisant de l’homme. Elle n’est pas vraiment une sinécure pour la civilisation que nous avons construit et on abandonne plutôt l’humanité qui est recroquevillée sur elle-même, vouée à souffrir de son incapacité à s’auto-affranchir de ses démons et à s’épanouir en tant qu’espèce consciente d’elle-même, de son environnement, de ses moyens et de son potentiel.

Avant de vous quitter, je vous réfère l’excellente critique qu’a effectuée mon compaire bloggueur Alex Bell du sixième album de la formation soit « Generator », puisque la cinquième partie débutera avec le septième opus de la formation, «Recipe for Hate». Nous continuerons ensuite avec la transition sur Atlantic Records, le départ de Brett et l’explosion d’Epitaph.

La suite, tout comme les trois autres parties précédant celle-ci, sera transmise prochainement sur LaPunkerie.tk... Soyez alerte!

(Écrit par : Coeur Noir)

LIENS DES SITES :
Site Web : Badreligion.com
Myspace : Myspace.com/badreligion
Facebook : Facebook.com/badreligion

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