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dimanche, février 19, 2012

Bad Religion : Critique de "Generator".

Fondateurs de la bonne vieille recette maintenant établie du punk rock californien, Bad Religion (BR) a toujours eu quelque chose  de plus que les autres groupes punk :  un chant extrêmement mélodique, des paroles complexes, nuancées, profondes et savantes, un guitariste soliste dont les notes déchirent et écorchent en nous jusqu’aux tréfonds… je pourrais continuer longtemps comme ça mais j’y reviendrai dans un prochain article.

Le sixième album du groupe, « Generator », demeure parmi les albums de BR, l’un des plus méconnus. Toutefois cette heureuse combinaison de 11 pièces détonne vivement de leur vaste discographie.

Lancé un an avant « Recipe for Hate » (l’album qui les a fait connaître au grand public et contenant la pièce American Jesus), « Generator » va bien au-delà des conventions musicales installées et affermies avec « Suffer », « No Control » et « Against the Grain ». Pour la première fois dans sa carrière, BR y risque d’étonnantes expérimentations. Cette touche révèle une évolution certaine : quelque chose de tout à fait original et inédit ressort de « Generator ». Le ton ensoleillé, joyeux et mélodique du punk californien propre à BR s’y retrouve enrobé d’une atmosphère glauque, obscure, mélancolique, parfois même déprimante. Ce savant mélange conduit à l’apparition d’un phénomène assez rare par rapport à l’histoire assez longue du punk rock : « Generator » provoque subversivement la mutation!

Quand même, pour arriver à saisir la véritable capacité de transformation de ces pièces, l’album exige attention, réflexion et étude approfondie. L'album « Generator » renferme autant un savoir scientifique que mystique. En plus d’ouvrir sur un questionnement philosophique fondamental, la poésie et la sagesse de ses paroles concernent des questions sociales et politiques souvent complexes. Par son regard lucide et sa sinistre ambiance, « Generator » résume bien le climat qui régnait en Amérique au début des années 90, avant Internet et la conquête définitive du capitalisme sur le monde.

En grossissant le trait on pourrait résumer l’album ainsi :

Le divertissement général promulgué jusque dans nos vies personnelles et intimités cache un mal existentiel profond, difficile à cerner puis identifier comme tel. Sous nos sourires et prétentions, à travers médias et interactions, attitudes et comportements sommeille un monstre qui, d’illusions, nous éloigne de toute vérité. Un éloignement maladif, un déni volontaire savamment propagé engage l’humanité à prendre conscience des limites que nous devons dépasser autant individuellement que collectivement.

Courte revue des pièces :

Generator ;
Chef d’œuvre d’inventivité et d’intensité texturées. Ici, les images deviennent symboles de multiples réalités, évoquées en un seul mot : la génératrice! Ayant amplifié au cours du 20e siècle l’industrialisation, la génératrice a permis la délocalisation des sources d’énergie, procurant meilleure répartition et rendement accru des employés dans l’usine.

Too much to ask ;
Est-ce normal que de penser et de remettre en question le système?
On vit au delà de nos besoins. Est-ce trop demander que de solliciter les gens d’en prendre conscience et d’agir en conséquence? 

No direction ;
Beaucoup cherchent un modèle à suivre pour vivre selon une norme indéfinie. Or cette norme n’existe pas : chacun doit suivre sa propre route.

Tomorrow ;
Les grands plans politiques visant à modifier la destinée d’une société complète sont des pièges émanant de chefs naïfs aux côtés de citoyens trop dociles.

Heaven is falling ;
Pièce conçue autour de la guerre du Golfe du début des années 90.
Les paroles nous placent dans la peau d’un militaire qui se réalise piégé dans une situation absurde autant qu’intenable : en pays hostile, l’homme réalise n’être qu’un tueur employé aux services d’un gouvernement qui l’ignore.

Atomic Garden ;
Simple et pièce-vidéo (single) du disque. De graves notes de piano en alourdissent le ton.
Allégorie sur la vie légère et insouciante nord-américaine, mise en parallèle aux actes de gouvernements prêts à investir dans l’armement nucléaire.

Two Babies in the Dark ;
L’un de ces pièce mid-tempos d’où ressort la qualité exceptionnelle du groupe. Cette pièce relate un univers d’émotions dans une histoire sombre et ambigüe.

The Answer ;
Conte philosophique éloquant :
J’ai des idées, tu en as aussi, ma réponse est parfaite, la tienne aussi : mais seule notre naïveté et nos convictions les soutiendront.

Fertile Crescent ;
Un 7″ sur la guerre du golfe contenant la pièce Heaven is falling et Fertile Crescent est sorti en même temps que Generator. Ce mini-disque renferme également un discours de Noam Chomsky. Comparant les guerres humaines à nos émotions individuelles : les deux se rapportent l’un à l’autre.

Chimaera ;
Morceau punk rock conventionel sous forme de plainte existentielle et mélodique. On s’adresse à une entité supérieure (Dieu?) : pourquoi as-tu permis un tel désastre?

Only entertainment ;
Est-ce que la culture ne consiste qu’en la mise en place d’un vaste théâtre destiné à notre divertissement? Nos occupations et loisirs ne seraient que distractions, dont le contenu doit être contrôlé, protégé, censuré. Avez-vous pensé à nos enfants? Pourquoi nous forcerions-nous à comprendre, à analyser, à prendre conscience de notre environnement et ses réalités cachées si tout ça ne revient qu’à un pur amusement, sans fondement?

(Écrit par : Allexbel.net)

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