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mercredi, mai 02, 2012

Bad Religion : Critique du coffret (3e partie).

Au beau milieu des années 80, le punk rock se voulait, pour ainsi dire, moribond et était déjà considéré comme une chose du passé. Les groupes qui attiraient, il n’y a pas si longtemps, des nombres considérables de spectateurs à leurs prestations se voyaient relégués aux oubliettes et étaient obligés de laisser le terrain aux groupes métals qui ne cessaient de prendre du gallon.

Il y eu une grande accalmie dans le mouvement et Bad Religion pris aussi une pause, mais sans jamais se séparer officiellement et seulement après avoir lancé un deuxième EP, toujours sur Epitpah, en 1984.

Après l’horrible « Into the Unknown » et la réponse plus que mitigée de leur fans, Greg Graffin et Brett Gurewitz recrutèrent officiellement Greg Hetson (guitare) des Circle Jerks qui avait participé partiellement à l’enregistrement de « How could hell be any worse?» et Pete Finestone (batteur remplaçant de Jay Ziskrout de 1981 à 1982) pour composer « Back to the known ». La basse était alors occupée par Tim Gallegos (Wasted youth) depuis 1983 et ce fût la dernière fois qu’il a été impliqué de quelconque façon avec Bad Religion. Donc, si on exclut le bassiste Jay Bentley qui ne reviendra que pour «Suffer», l’alignement restera intact jusqu’en 1991, moment où Finestone quitta le groupe pour se concentrer sur sa famille et d’autres projets musicaux, mais nous en reparlerons.

Avec « Back to the Known», Bad religion revient à un son plus punk et, même si la réponse de l’audience fut définitivement positive, ce EP ne suffit pas à relancer le groupe sur la trajectoire initiée deux ans plus tôt avec « How could helll be any worse? ». Bad Religion se retira donc de sous les projecteurs et il faudra attendre quatre années pour qu’ils reviennent en force avec un album qui deviendra un classique, voir même un album essentiel en matière de punk rock.

...Et c’est justement ici que nous commençons cette troisième partie de la critique du coffret de Bad Religion.

Le renouveau du punk et «The Holy Trilogy»:

« Suffer »
Même si je peux me l’imaginer assez bien, je ne peux pas être certain de l’impact qu’a eu «How could be any worse?» sur le punk rock en 1982 puisque j’étais encore beaucoup trop jeune. Parcontre, je peux témoigner de l’impact qu’a eu « Suffer » sur moi et sur tout le mouvement punk en 1988; une putain de révélation!

En 1988, le punk rock avait besoin d’être sauvé de lui-même. Il était désorganisé, anémique et souffrait de malnutrition. Il avait perdu sa pertinence et s’éloignait de sa raison d’être. Il avait besoin d’un bon coup de pied au derrière et d’une ligne directrice pour retrouver sa fougue d’antan. Il avait besoin de Bad Religion et de «Suffer».

En effet, si vous l’avez déjà entendu, vous le savez: « Suffer » est un album unique. C’est un diamant brut d’une qualité irréprochable et d’une intelligence foudroyante. Il est la quintessence et le Saint-Graal du punk rock contemporain.

Pour tout dire, le son et la qualité de «Suffer» étaient si admirables pour l’époque
que la majorité des acteurs de l’explosion du genre et du renouveau punk des années 90, pour la plupart signés sous la bannière d’Epitaph records – NOFX, Rancid, The Offspring, Pennywise, pour ne nommer que ceux-là - sont les premiers à affirmer que leur influence première fut cet album. C’était tout simplement un chapitre de l’histoire du punk qui voyait le jour sous nos yeux.

Mais «Suffer» n’est pas qu’une révélation et le moteur d’une révolution musicale pour le punk rock, il est aussi le point de départ de l’apparition d’une constante qui deviendra la marque de commerce de la formation pour les décennies à venir, c’est-à-dire l’introduction d’un vocabulaire élaboré et complexe et, surtout, l’utilisation de concepts scientifiques et philosophiques pour étayer leurs idées.

Comme son nom le prédit, «Suffer» est un album tourmenté et inquiet qui témoigne du paysage et du style de vie nord-américain de la fin des années 80 et il doit, malgré lui, s’en désoler. Il souffre de dépression chronique («Suffer», «What can you do?», «Pessimstic lines»).

Il se décourage devant l’incapacité de notre génération (voir de l’homme en général) à réaliser que nous menons des vies vides de sens et totalement dépourvues d’éthique ou d’un quelconque système de valeurs viables en laissant plutôt l’indifférence, la médiocrité et la contemplation de fausses idoles dicter nos choix et ainsi créer la perversion et la débauche intellectuelle en nous réduisant presque au néant («When?», «Land of the Free»).

Il questionne aussi la surconsommation qu’apporte inévitablement le progrèes et se demande si vraiment la technologie deviendra aussi bénéfique pour l’homme qu’on le prédit («How much is enough?», Part IV: The index fossil»). Il faut dire qu’à cette époque, l’impact des nos actions en tant qu’espèce dominante sur les écosystèmes et sur l’environnement en général ne commençait à peine à être un sujet d’actualité.

Bref, la critique sociale est mature et réfléchie. De plus, le ton moqueur et sarcastique, voir même arrogant employé sur certaines pièces alimente l’intérêt que l’on peut porter aux idées mais, du même coup, réduit en poussière tout ce que nous sommes tellement l’absurdité et l’incohérence de notre condition nous est révélée brillamment («Delirium of disorder»).

En effet, l’homme moderne y est dépeint comme un ridicule pantin destructeur dépourvu de toutes pensées indépendantes, incapable de s’accomplir par lui-même («Best for you») et de mettre en perspective la situation catastrophique dans laquelle il se trouve. Toutefois, et contrairement à plusieurs formations punks engagées, Bad Religion ne pointe pas du doigt l’état ou la société mais accuse plutôt l’homme en tant qu’individu comme seul et unique responsable de sa perte. Il nous incite donc à reprendre contrôle de nos actions et nous instruit sur le fait qu’ultimement, l’autorité n’est qu’une illusion et qu’il n’en dépend que de notre bonne volonté pour reprendre notre destinée en main et redonner de la valeur à nos misérables vies («You are (the gouvernement)», «Do what you want»).

Pour en terminer rapidement avec «Suffer», je dirais qu’il n’est pas l’album de Bad Religion le plus achevé musicalement mais il reste un chef-d’œuvre d’audace et d’ingéniosité et, bien qu’il a vieilli de façon convaincante avec les années et nonobstant le fait qu’il ne faisait que préparer le terrain pour les douze  albums qui allaient suivre, il restera « the record that changed everything » comme ne cesse de le répéter Fat Mike.

La suite prochainement sur LaPunkere.tk, C'est à suivre!

(Écrit par : Coeur Noir)

LIENS DES SITES :
Site Web : Badreligion.com
Myspace : Myspace.com/badreligion
Facebook : Facebook.com/badreligion

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