Si vous avez participé ou suivi activement la grève étudiante du
printemps dernier, vous avez sûrement croisé ou entendu parler de Mise
en Demeure. En effet, une de leurs affiches a fait la première page du
Journal de Montréal et plein de politiciens et de journalistes se sont
alors empressés de dire leur opinion (négative) sur un band dont ils
ignoraient jusqu'alors l'existence. Même le Premier ministre et le maire
Labeaume ont alors fait pression pour qu'il ne soit pas dans un
spectacle aux Plaines... Il n’y a pas un band underground qui demande
autant d'exposure spontanée.
Formé dans le but de récolter des fonds
pour les arrêté-es d'une action étudiante en 2007, Mise en Demeure est
intimement lié au mouvement étudiant, mais aussi à toute la scène
militante anticapitaliste. « Il pleut des pavés », leur troisième album,
est donc le fruit de l'implication et de leur imagination de 2012.
Peut-être faudrait-il clarifier un peu le style du groupe, parce que
c'est pas vraiment du punk. Pas musicalement, en tout cas. Par contre,
dans l'esprit, ça, il n’y a pas de doute. Ils font avant tout les clowns
pour leurs camarades, question de se défouler, de se libérer. Avec une
overdose d'ironie, de sarcasme, d'exagération et d'insultes, mais aussi
d'une guitare, d'un clavier, d'une basse et d'un saxophone, ils font en
quelque sorte des pastiches kitsch de chansonnettes pop avec des paroles
complètement sautées. C'est comme si RBO pétait la gueule à Kaïn avec
l'aide de Michel Chartrand.
Sur l'album, ils y reprennent notamment les chansons sorties pendant la grève. « Libârté d'expression », quelque part entre du boom boom et du Béru, dont le « t'as l'droit d'être contre la grève/ mais on a l'droit de te trouver cave » a été un p'tit baume pour tous ceux et celles qui se butaient à des réactionnaires. « Violence légitime », pseudo-hit inattendu et, pour moi et plusieurs autres, une des chansons les plus marquantes de 2012. Et aussi « La commune », dont le refrain a si bien résonné dans ma tête lorsque la grève devenait un sport dangereux : « arrêtez-nous/ on s'en fout/on s'est donné rendez-vous/ tous nos amis sont en prison ».
S'ajoute aussi certaines chansons qu'on a pu entendre lors de leurs spectacles, des nouvelles et des trucs qui sont plus des sketchs qu'autre chose. Se démarquent notamment « Les belles années », où Victoriaville était allé encore plus loin que l'émeute, le clash bon enfant de la chanson et les propos ne peut empêcher de faire sourire, « Épicerie populaire » dans laquelle on chante « chaque soir c'est Noël/ on mange dans les poubelles », ou bien « Il pleut des pavés », chanson idéale pour un été révolté.
Je ne peux pas parler de toutes les chansons, mais grosso modo, on trouve tous les moyens d'envoyer promener (le terme est faible) la police, les chroniqueurs de droite et autres « Social-traite ». Cette dernière est sur Léo Bureau Blouin et l'hypocrisie du PQ, « Charest salaud, le peuple aura ta peau, le jour venu tu seras dans la rue et on votera PQ », est aussi une chanson qui nous rappelle la capacité musicale, oui musicale, de Mise en Demeure.
Ils ont beau dire qu'ils luttent contre leurs instruments, au-delà de la dérision et de leurs moyens plus que limités, ils sont capables de faire des bonnes tounes catchy. Même qu'avec « Filibuster », on fait carrément de la comptine pour militants radicaux... avec morale et tout. Au moins, te faire « pogner » par la police te donne la chance d'avoir une chanson de Mise en Demeure en ton honneur : « 289-9995 ». Oh, et question d'être bien clair, sur « Critical hit (par la gueule de nos chansons) », ils reviennent sur les commentaires de Charest à leur endroit... pour endosser pleinement leurs paroles et en rajouter une couche.
Comme bien des gens, le printemps dernier, j'ai vécu des moments extraordinaires, mais les souvenirs sont aussi parfois douloureux. Ainsi, à la première écoute, j'ai ressenti une étrange nostalgie, mais rapidement, j'ai ri et je me suis senti mieux. Et pas seul.
Ils lancent leur pavé le 18 mai au National. Yup. Au National. Contribution volontaire.
(Écrit par : Frank Scrap)
LIENS DES SITES :
Site web : Miseendemeure.org
Facebook : Facebook.com/miseendemeure.leband
Au plaisir de vous y revoir, camarades!
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